Ficaja
À une altitude de 566 mètres, c’est un village haut perché avec une belle vue panoramique sur le San Petrone et le cirque de l’Ampugnani . La Porta lui fait face par dessus le ruisseau de Pozzu Biancu. Le nom de Ficaghja signifie « figueraie ».
Son hameau en contrebas : « Ezau », a été construit sur une petite plaine alluvionaire à 441 m . Son nom signifie : terre des ancêtres entre deux eaux » car le hameau a été construit entre deux ruisseaux.Ficaghja offre une belle représentation du bâti traditionnel de Castagniccia. La plupart des maisons sont à deux étages à couvertures d’ardoise et aux façades austères, entre lesquelles on circule en empruntant des passages voûtés.Le patrimoine est important puisqu’il ne compte pas moins de 2 églises, 2 chapelles et 14 fontaines et quelques lavoirs dispersés entre les maisons et dans la forêt alentour, sans compter ses nombreux sentiers de randonnées.
L’église paroissiale de l’Immaculée Conception est un édifice baroque de fin du XVIIe siècle, restauré au milieu du XVIIIe siècle.
Elle n’est pas classée « monument historique » et le maître d’oeuvre en est inconnu mais elle possède de nombreux trésors du patrimoine culturel.C’est un édifice de plan allongé orienté ouest-est. Elle est en schiste,moellon sans chaîne en pierre de taille avec enduit partiel sur le dernier niveau du clocher dont la tour est adossée au mur sud de la nef.Cette église est ouverte régulièrement durant l’été.L’activité y est importante durant les fêtes de Pâques, lorsque le Saint Sépulcre est installé dans l’église.Evidemment, après les festivités, tous les trésors énumérés ci-dessous sont précieusement démontés et rangés dans un endroit sécurisé, à l’abri de l’humidité et extérieur à l’église.
Ci-dessus : vue latérale de l’égliseUne des plus grande richesse de Ficaghja est son Saint Sépulcre.Le Saint-Sépulcre est, selon la tradition chrétienne, le tombeau du Christ, c’est-à-dire l’édicule construit sur la grotte où le corps de Jésus de Nazareth fut déposé après avoir été descendu de la croix à Jérusalem. Chaque église peut donc présenter une reconstitution de son tombeau sous la forme ci-après pour les fêtes religieuses.Celui-ci est remarquable par son originalité et ses couleurs car aucun autre village de Corse n’en possède un aussi sophistiqué.Sa taille est imposante également car une fois installé, il occupe environ un tiers de l’église et ressemble à un petit théâtre.Les villageois en sont très fiers et l’entretiennent au mieux car il n’avait pas été installé à la disposition du public depuis au moins cinquante ans.Ci-dessus : vue rapprochée du clocherPhoto ci-dessus : Fronton avec inscription en latin « Ô vous tous qui passez par ici, écoutez et voyez la douleur qui est mienne »(Voir les photos ci- dessus et ci-dessous ainsi que le diaporama ci-contre)
Il y a été inventorié un ensemble de 9 tableaux Passion ( XVIIIe siècle ) attribués à Francesco Carli, un peintre originaire de Lucca, actif en Corse de 1771 à 1821, et résidant à San Lorenzo en Castagniccia.
LeSépulcre est constitué de 5 tableaux, plus 2 diptyques latéraux.Leur représentation : – « Arrestation du Christ et trahison de Juda » au fond à gauche (premier diptyque)– « Flagellation » à gauche – « Montée au Calvaire »au fond à droite (deuxième diptyque)– « Christ devant Pilate » à droite – « Croix ornée d’un linceul » en haut au centre– « Déploration du Christ » en bas au centre Encadrement : – 2 tableaux « Soldats romains » de chaque côtéFronton : Décor baroque avec inscription latineCi-dessus : Pour simuler le ciel, une toile bleue ornée d’étoiles argentées à été placée en forme de voute arrondie pour couronner le tout.
Moule à hosties
Ci-dessous à gauche et à droite :Le fer à hosties est un moule qui permet de réaliser plusieurs hosties en même temps.Deux ombrelles de processionIl s’agit d’un genre de gaufrier, dans lequel la pâte est versée sur une des deux plaques, les deux étant préalablement chauffées. Le tout est maintenu fermé et placé sur les braises deux à trois minutes pour une parfaite cuisson.En bon état malgré leur âge avancé, elles font partie du patrimoine religieux du village de Ficaghja. L’une en tissus rouge damassé recouvert de cuir, pour la pluie et l’autre également en tissus rouge damassé mais plus léger pour les procession par beau temps.Le fer à hosties est muni de deux longs bras métalliques, qui permettent de s’en saisir et de le manipuler sans risque de se brûler car il est assez lourd. Son poids est dû au métal dans lequel il était fabriqué : la fonte de fer.Copies inspirées des « ombrellino » du Vatican, sorte d’ombrelles plates à long manche portées lors de processions en signe de révérence, pour abriter le Saint-Sacrement, le pape, un cardinal, un évêque ou certains hauts dignitaires de l’Église.Gravé de motifs religieux, ici le monogramme : IHS stylisé et ornementé d’une frise, ce moule permettait de fabriquer deux grandes hosties et peut-être même deux petites à la fois (en haut et en bas au centre) ornementées d’un léger motif en relief.Mais attention, il faut noter qu’elles sont blanches lorsqu’elles abritent le Saint-Sacrement. Ici, le tissus de satin rouge est bordé d’or comme les pavillons des basiliques majeures. Mais ces ombrelles restent simples dans leur facture.Une fois la plaque de pâte cuite et pour une découpe idéale, les hosties étaient découpées avec un rondeau.Elle témoignent cependant de la présence d’un certains prestige dans les membres présents du clergé à Ficaghja depuis le XVIII siècle.(On a noté l’utilisation du fer à hosties jusqu’au XXème siècle)
Ci-dessous de gauche à droite : la paramentique
Il existe à Ficaghja, ainsi que dans quelques autres villages de Castagniccia, de nombreuses traces du prestige de l’église catholique, notamment dans les vêtements portés par le clergé ainsi que dans tous les linges brodés d’armoiries, de croix, de monogrammes, de frises fleuries baroques et quelquefois d’éléments d’ornementation stylisés supplémentaires : agneau de Dieu, colombes, roses et autres fleurs diverses …Ainsi, vous pouvez voir défiler ci-dessous tour à tour ces richesses exceptionnellement conservées dont cinq sont du XVIIIème siècle.De nombreuses chasubles ou dalmatiques très colorées : vertes, pourpres, rouges, blanches, tramées et brodées de fil d’or avec pour chaque vêtement l’ étole, la brassière et la bourse, voire même le cordon, de couleurs assorties … chacune avait une destination précise : mariages, baptêmes, processions, enterrement, fêtes …L’une d’entre elles, en tissus damassé brodé noir et blanc et donc chasuble de deuil, témoigne de l’importance des célébrations destinées aux enterrements (catalettu et catafalcu à 3 niveaux)..Enfin, Ficaghja possède encore de nombreux autres trésors textiles : coussins et linges brodés en tout genre : l’un pour poser les alliances de mariage, l’autre pour les instruments du sacrement , ou faisant office de capes humérales (photo ci-dessous : cape humérale en soie brodée polychrome et fil d’or avec deux agrafes )…